Le retour du Balbuzard pêcheur
Nous avons eu le grand plaisir d'observer un couple de balbuzards pendant quelques jours.
C'est un oiseau mythique !
Mythique parce que c'est le seul rapace pêcheur en Europe (sauf le Pygargue présent seulement dans le nord de l'Europe).
Mythique parce que c'est un superbe oiseau, élégant, puissant, élancé : de grandes ailes, le ventre blanc, l'oeil clair, une jolie tête avec un masque noir et blanc, une petite huppe.
Mythique, enfin, parce qu'il a failli disparaître de France. Pour des anciens comme nous (!), on se souvient qu'en 1974 il n'y avait plus que 3 couples (en Corse).
La mobilisation des associations de protection, l'interdiction des pesticides organochlorés type DDT et l'interdiction de la chasse des rapaces ont été déterminantes pour le retour du balbuzard. En 2012, on comptait environ 70 couples en France.
Le "balbu" en Ecosse
Dans les temps anciens, le "balbu" était partout abondant. En témoigne cette pierre préhistorique gravée en Ecosse (balbu ou pygargue?).
Après sa disparition au 20ème siècle, le retour du "balbu" a été spectaculaire en Ecosse avec actuellement 250 couples.
Les Ecossais adorent leurs balbus. Même les pêcheurs et les piscicultures se plient à leur protection. En France, ça sera plus compliqué, voir les problèmes avec les cormorans. Deux ou trois pisciculteurs profitent même du système : ils ont installé des affûts payants pour que des photographes puissent immortaliser les balbus en train de pêcher.
Le couple que nous avons suivi :
Le site que nous avons suivi avec Marcel est connu dans ce coin d'Ecosse. Les oiseaux sont en sécurité sur un îlot et on peut les observer à distance respectable depuis la terre ferme. Ils sont habitués depuis longtemps aux ornithologues, aux photographes, aux curieux et même aux kayakistes tant qu'ils restent discrets.
Madame s'occupe du nid et des jeunes !
L'aire est située en haut d'un sapin. A l'époque où nous sommes passés, la femelle restait le plus souvent sur le nid pour s'occuper des jeunes encore bien petits (1 ou 2, ils étaient difficiles à voir de notre poste d'observation favori).
La femelle avec un tout jeune
La femelle part de temps à autre chercher des branches pour les mettre sur le nid. Une de ses techniques est d'arriver à fond de train sur la branche sèche d'un arbre et d'espérer que l'impact la cassera.
Chaque fois qu'elle part, le mâle reste à côté du nid pour protéger les petits.
Le mâle est un peu plus petit, un plumage plus contrasté et des yeux jaune d'or (jaune vert pour la femelle).
Le danger vient des airs, surtout du couple de corneilles qui a aussi établi son quartier général sur l'île. Dès qu'une corneille passe près du nid, le mâle la poursuit, faisant des voltiges aériennes impressionnantes, toutes serres sorties, avec son envergure de 1,50 m.
Les corneilles se font toutes petites, elles passent rapidement en vol. Généralement elles restent bien à l'abri dans les arbres tout proches, bien au fait des techniques de guérilla urbaine. Et parfois, comble d'insolence, elles se permettent de disputer la suprématie aérienne grâce à leur agilité. Tout fout le camp, madame, on ne respecte plus personne. Mais ça ne dure que quelques secondes et elles rentrent vite sous le couvert des arbres.
Monsieur va faire les courses au supermarché du coin !
Deux ou trois fois par jour, le mâle va pêcher dans les environs. On suppose qu'il va parfois au plus facile, à savoir pêcher dans les étangs de la pisciculture la plus proche. Il revient plus tard avec un beau poisson.
Une nouvelle technique de surf : le surf aérien sur poisson
Quand la femelle et les jeunes n'ont plus faim, il déguste le poisson à proximité du nid.
Mais en général, il amène directement le poisson au nid. C'est la femelle qui distribue de petits morceaux aux jeunes.
Quelques liens sur les observatoires et les webcams :
Des associations de protection de la nature ont installé quelques observatoires pour "espionner" les balbuzards. Les nids sont à plusieurs centaines de mètres des observatoires, les jumelles sont nécessaires. Le plus souvent, une webcam retransmet les images du nid pendant la période de reproduction (du printemps à mi-août).
Les observatoires en Grande-Bretagne (cliquer sur l'image) :
Le plus ancien observatoire, celui de Loch Garten :
Avec sa webcam :
En France aussi, nous commençons à avoir des observatoires.
Observatoire du Ravoir, près d'Orléans :
Une webcam sur un arbre près d'Orléans :
Des webcams sur des pylônes électriques en Sologne :
